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OMC Pascal Lamy justifie son opposition à une libéralisation totale de l'agriculture

BRASILIA, 11 décembre 2003 - Le commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy, s'est dit opposé à une libéralisation "totale" de l'agriculture, affirmant que beaucoup de pays émergents partagent cette position, dans une interview publiée au Brésil à la veille de sa rencontre avec les pays en développement du G20.

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"Je ne crois pas que la libéralisation totale de l'agriculture soit quelque chose de bon pour tous les pays, surtout pour tous les pays en développement", a déclaré M. Lamy au quotidien O Globo paru jeudi. Le G20, qui regroupe les pays émergents hostiles aux subventions agricoles des pays industrialisés et a fait échouer pour cette raison la réunion ministérielle de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) à Cancun en septembre, se réunit à Brasilia à partir de jeudi et rencontrera vendredi M. Lamy.
"L'agriculture est une activité spécifique pour laquelle les règles de marché qui s'appliquent au charbon, aux chaussettes ou à l'automobile ne sont pas valables", a affirmé le commissaire européen. M. Lamy a pris pour exemple la chute des prix du café et du cacao qui a suivi l'ouverture de ces marchés, estimant que son point de vue est partagé "par une bonne partie des pays en développement comme les Africains, l'Inde ou l'Indonésie".
"Je ne suis pas seul", a souligné M. Lamy, en opposant la position européenne à celle de "pays compétitifs" comme le Brésil, qui est le plus gros exportateur de produits agricoles du G20. En 2001, les exportations agricoles brésiliennes ont atteint 16 milliards de dollars et représenté plus de 20% du total des pays formant le G20, selon le quotidien Valor Economico.
De manière générale, M. Lamy a émis des doutes sur les avantages pour un pays de mettre "tous ses oeufs" dans le seul panier de l'agriculture. "Il faudrait savoir si (être compétitif en agriculture) signifie courir le risque de se retrouver sans terres cultivables dans dix ou vingt ans ou le risque d'une dégradation de l'environnement", a lancé le fonctionnaire à O Globo.
Tout en admettant que l'UE a une "position spécifique concernant les subventions aux exportations", M. Lamy s'est rebellé contre les accusations de protectionisme qui visent souvent l'Union européenne. "Ce n'est pas l'Union européenne qui pose le plus problème en matière de subventions internes aux agriculteurs, ce sont les Etats-Unis. Nous ne sommes pas non plus ceux qui créons le plus de problèmes pour l'accès aux marchés, ce sont les Japonais", a-t-il déclaré.
M. Lamy a rappelé les demandes présentées par l'UE aux pays émergents de l'OMC : "nous voulons une réduction des droits de douane sur les produits industriels, une négociation sur les services, la protection des indications géographiques (des produits), la clarté dans les règles de commerce (pour inclure) l'environnement, la rigueur dans les règles anti-dumping".
Les pays du G20 souhaitent entendre les explications de M. Lamy vendredi sur les plus récentes propositions de l'UE pour débloquer les négociations multilatérales de l'OMC après l'échec de la rencontre de Cancun. Le directeur général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, verra lui aussi les pays du G20 à Brasilia et a l'intention de demander aux deux camps (l'UE et le G20) davantage de "flexibilité" afin de relancer les négociations d'ici juillet, selon la presse brésilienne.


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